vendredi 6 avril 2012

Lex-Icon Blog Project Post 18: Dominique Torrente


série infinie Ut picturapoesis, paradoxe n° 2, multiple, 2011 
Broderie mécanique sur textile tendu sur châssis, 60 cm x 123 cm

« Dans cette série, les mots sont intimement liés à la toile, dans un dispositif plastique qui rappelle la Peinture (format : carré, couleur : rouge, matière : fibre textile). Texte et textile : deux entités qui semblent éloignées et qui sont très proches (même origine étymologique : texere) et qui présentent des liens complexes et étroits entre la fibre, la chaine, la trame, la lecture et l'écriture*. Les mots sont brodés mécaniquement, avec une machine très performante, dotée d'un logiciel,  qui permet de définir précisément divers éléments (nombre de points, sens et choix  du tissage, césure…). Ici, le mot semble s'incarner, tel un objet figuratif, grâce à la fibre qui le révèle. Il prend corps et s'offre, s'ouvre et accueille. Le texte est un espace à dimensions multiples. Les mots choisis, TRAIT, NOIR, TROU, BLANC, FIGURE, LIBRE, TACHE etc. sont des mots liés à la pratique du dessin et à celle de la peinture, ils invitent à s'interroger sur leur sens, et sur ce qui fait l'objet pictural aujourd'hui. Les paires (diptyques) proposent également des double sens, des paradoxes (les mots TRAIT NOIR sont brodés en rouge) et renvoient à l'extrême complexité du langage, se confrontent aux réalités d'aujourd'hui et à nos choix de lecture. Du visible, on passe au lisible, et vice versa. Kosuth disait aussi que «  l'art est lui-même de la philosophie rendue concrète ».Le fait de conserver une seule et même couleur, la plus proche du fond, du support, fait surgir la lettre de la texture même de la toile. Le fil a un rayonnement propre, le tissage crée une épaisseur. La lumière, qui se modifie au fil de la journée, transforme de façon étrange les lettres, le mot. Elle le fait disparaître, le renforce, lui donne du relief, de la matière ou bien change sa tonalité et son degrés de luminosité ; ainsi le mot se dématérialise, ou bien se concrétise, semble se déplacer. Il se trans-forme, il change ou se perd : il perd de sa crédibilité, ou bien offre un nouveau sens, et renvoie à son opacité et à sa vulnérabilité. »--D. Torrente, Extrait de notes, interview, 2012 

*Colloque « texte et textile, du moyen âge à nos jours », par l'institut d'histoire du livre en 2005 à la bibliothèque de la Part Dieu à Lyon.

BIO :
DOMINIQUE TORRENTE : Issue d'une formation à l'école des Beaux-Arts de Saint Etienne, France,  dont l'enseignement m'a confronté à la poésie concrète, au mouvement « support surface », à « Art and Language, », aux œuvres de Hanne Darboven, de Marcel Broodthaers, de Jenny Holzer… et de bien d'autres), et d'un cursus universitaire à la Sorbonne à Paris, j'ai gardé et analysé progressivement ce qui rejoignait des préoccupations très personnelles sur le langage pour mettre en œuvre ma pratique artistique. Pour plus sur Dominique Torrente, voir son site : www.dominique-torrente.com ou suivre ce lien: http://dominiquetorrente.wifeo.com/actualites-news.php



INVITATION à contribuer à notre blog:
Invitation à contribuer à notre projet de blog! : 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire