16h45 Atelier
4 : la BD et
les autres...
A la Maison
de l’Université, Salle du Conseil, Campus Illberg, Université de Haute-Alsace,
Mulhouse (arrêt tram : Université)
Présidé par Jennifer
Yerkes (Graphiste et illustratrice ; membre fondatrice de
l'association Central Vapeur)
Jean-Matthieu
Méon (Université de Lorraine/CREM) Que faire du texte ? Le statut du texte dans la bande dessinée
contemporaine, saisi au prisme des expositions de bande dessinée
Juhani Tolvanen admires Jochen
Gerner’s “Speed” project & Jochen Gerner’s concertina book. ©www.PaulGravett.com
(A Comics/Manga/Graphic Novel site
& blog)
|
Résumé de la communication /
abstract :
Le brouillage des frontières du texte et de l’image
peut relever d’une démarche initiée par l’auteur d’une œuvre, peut être inscrit
dans l’œuvre elle-même et dans ses formes. Mais
ce brouillage peut aussi procéder du dispositif de présentation de l’œuvre à un
public. C’est que nous souhaitons étudier dans cette communication à partir
d’une analyse des expositions de bande dessinée.
Depuis le milieu des années 2000, ce type
d’exposition connaît une nouvelle actualité, notamment dans une démarche de
confrontation et de mise en relation de la bande dessinée avec la création en
art contemporain (ex : exposition Vraoum en 2009, biennale du Havre en
2010). Or, l’exposition repose sur une série d’opérations (transformation du
dispositif de présentation –du livre aux cimaises– mais aussi fragmentation du
récit) qui change le statut des éléments constitutifs (texte et image) des
œuvres exposées. A partir des cas d’expositions retenus, il s’agira alors
d’étudier la place et le statut assignés au texte : une présence
« invisible », impensée ;
ou négative et à regretter et donc à
ignorer ou éviter ; ou encore positive : à valoriser et à requalifier comme élément visuel,
participant de la composition graphique de l’œuvre.
from Le Tamponographe Sardon |
Ce faisant l’exposition interroge en creux la place
du texte dans la bande dessinée/livre. S’agit-il d’un simple instrument au
service d’une narration portée par le dessin et sa mise en séquence ? (Ce
qui rejoint des pratiques traditionnelles de production et d’attribution des
œuvres : le lettreur comme personnel de renfort, « prestataire »
de service et non co-auteur). Ou le texte
doit-il être vu comme un élément constitutif de l’identité esthétique de
l’œuvre et de son auteur ? Les pratiques les plus contemporaines de la
bande dessinée s’inscrivent davantage dans cette seconde approche. Des
démarches réflexives, à vocation satirique (Vincent Sardon) ou théorique (Jochen Gerner),
reposent ainsi sur l’appropriation et le déplacement de lettrages (et de
bulles) pour en faire ressortir la force
identitaire. Plus généralement, chez les auteurs contemporains, la lettre et le dessin procède du même trait
et du même geste (Art Spiegelman, Sfar), en tout cas de la même esthétique (Chris Ware).
A tel point que le lettrage peut se voir autonomisé, mis au service d’une œuvre
uniquement textuelle (roman, mémoires), mais écrite dans le lettrage propre à
l’auteur (Seth, Doucet). La trace du dessinateur, qui permet l’attribution
visuelle de l’œuvre, n’est alors que dans sa lettre.
Jean-Matthieu Méon est docteur en science politique, qualifié en sociologie et maître de
conférences en sciences de l’information et de la communication à
l’Université Paul Verlaine-Metz. Il est membre du Centre de recherche sur les
médiations (CREM), laboratoire au sein
duquel il coordonne le pôle de recherche Praxitèle « Arts, cultures et
médiations » (http://www.univ-metz.fr/ufr/sha/crem/chercheurs/meon.html).
Ses recherches s’articulent autour de thématiques culturelles : formes et dispositifs culturels
(bande dessinée, pornographie, dispositifs artistiques), pratiques culturelles
(pratiques musicales amateurs), politiques culturelles
(décentralisation), censure et contrôle public des contenus médiatiques (presse, télévision).
Ses travaux plus spécifiquement consacrés à la bande dessinée portent
sur la légitimité culturelle, les acteurs intermédiaires de la création et sur
les expositions. Ceux-ci ont donné lieu à des publications et des
communications, à un niveau national et international (cf. sélection infra).
Il a co-réalisé et co-piloté plusieurs enquêtes pour des institutions et
organismes culturels (Conseil Régional d’Alsace, DRAC Nord-Pas de Calais,
Fédération des sociétés de musique amateurs d’Alsace), notamment en lien avec
l’Observatoire des Politiques Culturelles de Grenoble.
Lukas Etter (Universität
Bern) What Rhythm for the Blues? Réflexions sur l’esthétique
intermédiale dans LINT de Chris
Ware
Résumé de la communication /
abstract :
Chris Ware, LINT, from ACME site |
Il n’est évidemment
pas nouveau de présenter Chris Ware comme un artiste à la croisée des genres,
quelque part entre récits graphiques et art contemporain pur et dur. Son œuvre
a obtenu la reconnaissance des milieux de l'art contemporain aux Etats-Unis –
lors de la biennale du Whitney Museum à New York ainsi qu'au MCA Chicago, pour
ne mentionner que deux exemples – et la critique a parfois usé de comparaisons
quasi hyperboliques pour louer son travail, rapprochant ce dernier des textes de Joyce ou des collages de Braques. Mais
qu’est-ce qui, au juste, induit les critiques à voir dans l’œuvre de Chris Ware
un genre à part entière ? Quelle est cette accumulation de qualités
esthétiques qui s'ajoutent au "cult of difficulty" dont parlent les
critiques d'art comme Peter Schjeldahl en se référant à cette œuvre? Voici les
questions qui se trouveront au cœur de la présente intervention.
C Ware's forthcoming BUILDING STORIES (Oct2013) |
Même
si nous nous intéresserons occasionnellement aux autres œuvres publiées, comme Jimmy Corrigan, c’est en nous appuyant
principalement sur le dernier ouvrage de Ware, LINT, que nous essaierons de répondre aux questions susmentionnées.
Publié en 2010, LINT est le 20ème
volume de la série The ACME Novelty
Library. Il s'agit du récit complexe d’une saga familiale, abordant des
thèmes aussi difficiles que la violence domestique et les abus sexuels. Cette
intervention examinera les procédés qui permettent de raconter ces expériences
personnelles traumatisantes. En plus d’examiner le moment où et la façon dont
la narration passe d'une "voix" à l'autre, nous nous intéresserons
aux moments où Chris Ware utilise la typographie de publicités fin-de-siècle
pour jouer avec la qualité iconique de ces lettres, et à la manière dont il se
sert de l'alignement des cases afin de produire, d'une part, des moments de
sérialité, et d'autre part, une certaine musicalité dont le rythme apparemment
joyeux se heurte à la tristesse des évènements racontés.
BIO :
Born 1984 in Bern (CH). Studies of German and English
Philology and Comparative Literature at the Universities of Bern and Geneva & study/research stays at the University of Wisconsin
and ENS Paris. Research Areas: Intermediality, Narratology, Graphic Novels,
Comics, Seriality, "Sister Arts". Since April 2011: PhD candidate at
the English Department of the University
of Bern with a 3-years
scholarship of the Swiss National Foundation of Science (SNFS). Working Title
of Dissertation: "Aesthetics of Seriality in Recent Anglophone Graphic
Novels".
Publications:
·
(with Stephanie Hoppeler and Gabriele
Rippl): “Intermedialität in Comics”. In: Stein, Daniel /
Ditschke, Stephan / Kroucheva, Katerina (eds.): Bild/Schrift: Intermediales Erzählen im Comic. Bielefeld, transcript: 2009. 53-79.
·
"'Soyons fiers de
[l’] accueuillir en France' – Paul Nizons Werke und die Literaturkritik". Études Germaniques 65 (1): 2010. 87-97.
·
"The 'Big Picture' as a
Multitude of Fragments: Jason Lutes's Depiction of Weimar
Republic Berlin." Forthcoming in:
Comics at the Crossroads: Transnational Perspectives
on Graphic Narratives (ed.
Shane Denson, Christina Meyer, Daniel Stein). 2012.
Natalie Churn
(Albert-Ludwigs-Universität Freiburg) Language Silenced: Asylum Seekers and Visual
Language in Shaun Tan’s The Arrival
Résumé de la communication / abstract :
For many asylum seekers, language is
one of the main barriers that prevent them from feeling at home in their new
home. In his adult picture book The
Arrival, Australian graphic artist and short-story writer Shaun Tan
explores how both visual and spoken language function as a system of
indecipherable signs for the foreigner. In his story, Tan depicts the arrival
of an asylum seeker to a new land, focusing on the universal experience of
displacement and the silence which is often forced upon foreigners through
hopelessly confusing bureaucracy and intolerance. Foreign words are depicted as
foreign images which slowly come to have meaning, and yet it is the visual in
all its forms – gestures, facial expressions, drawings, architecture – which
come to function as a new kind of language, drawing people together, crossing
boundaries and creating new symbols of hope.
In particular, it is the passing of
time that finds its voice in images instead of words. Waiting, travelling and
hoping are a major part of the immigrant experience, yet time as a concept is
almost impossible to describe even if one possesses the language skills – as an
abstract, intangible thing, it evades concrete words and instead finds its
expression in metaphors and similes, or in the case of The Arrival, in images. With parts of the story depicted in
comic-style panels, it is the gaps between these panels that also speak a
language of the passing of time, of the invisible, of the private. Shaun Tan
takes the voices and thoughts of the migrants and gives them a visual element
that requires no words, suggesting that in such situations of cultural contact
and displacement, new forms of communication are required that go beyond
complicated bureaucratic language, attempting to find a vocabulary that is
common to all of humanity, that both supports and transcends identity.
BIO :
Natalie Churn is a PhD student at Freiburg University. After completing her
Bachelor in Australia and a Master in British and North American Cultural
Studies in Germany, she went on to begin a PhD on the topic of negotiating
marginal concepts of time in Australian popular culture. She is interested in
the ways in which liminal conceptions of time in different cultures can
challenge dominant, controlling notions of time and provide possibilities for a
more tolerant, just and plural society. She is currently co-editing a book of
essays on time and social change.
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