Vito Acconci: projet pour un espace, Galérie GdM, photo JK Dick, Art Basel 2011 |
14h15 Atelier 3 : le livre dans tous ses
états…
A la
Maison de l’Université, Salle du Conseil, Campus Illberg,
Université de Haute-Alsace, Mulhouse (arrêt tram : Université)
Présidé par Régine
Battiston (UHA/ILLE)
Gaëlle Theval (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) Hypervisibilité
et illisibilité dans l’écriture « logosonoscopique » de Jacques Sivan
Résumé de la communication / abstract :
Jacques Sivan, Le Bazar de l'Hôtel de Ville, affiche 50 |
« Je suis un logosonoscope » : cette
affirmation, formulée par « Jake » Sivan au seuil du Dernier télégramme d’al jack (2008),
ressemble à un programme. S’identifiant à une machine complexe, le poète pense
ses ouvrages comme autant d’interfaces où viennent se confronter la
multiplicité des codes du monde, dans leur hétérogénéité sémiotique,
textes-images et images-textes, faisant du livre, et de la page, un espace
d’accueil et de transformation de codes : un dispositif Lieu de
télescopages, d’agencements provisoires constamment réinventés, la page,
notamment dans Similijake, se
présente comme une surface fondamentalement hétérogène, selon une logique qui
est celle du montage, travaillant de manière apparemment aléatoire, pour faire
du sens un objet fuyant. Cette logique, donnant lieu à un parasitage des
discours émis par les médias de masse, s’associe à un travail de reprise et
détournement des codes visuels mêmes dans lesquels ces discours s’énoncent,
particulièrement visible dans Le Bazar de
l’Hôtel de Ville, qui reprend le dispositif visuel du catalogue
du même nom, ainsi que les divers détournements de publicités présentes
dans le Dernier télégramme et Similijake. Nous voudrions plus
précisément étudier les modalités de ce parasitage, qui joue, selon nous, sur
la mise en tension d’une hypervisibilité,
celle de la publicité, de la communication visuelle fondée sur le graphisme de
la lettre, et d’un travail sur l’illisibilité, qui vient en perturber
l’efficace.
BIO :
Mes recherches portent sur les échanges entre
poésie et arts plastiques, essentiellement depuis la seconde moitié du XXe
siècle, plus particulièrement sur le collage et le ready-made (j’ai soutenu en
avril 2011 une thèse portant sur la « poésie ready-made aux XXe et XXIe
siècles », sous la direction d’Anne-Marie Christin), mais aussi les
pratiques hybrides, dans le champ des poésies d’avant-garde et expérimentales
(poésie concrète, visuelle, sonore, performance), et de l’extrême contemporain.
Je porte une attention particulière à la matérialité du texte poétique, ainsi
qu’aux phénomènes d’intersémioticité et d’intermédialité à l’œuvre dans ces
objets problématiques.
Christophe
Lamiot Enos (Université
Lyon 2/Université de Rouen) « Qu’il
y a des mots plutôt que rien », lecture du Baby (2005) de Carla Harryman
from Zephyr Press, 2005. |
Résumé de la communication /
abstract :
A la suite du séminaire « archéologie de la
figure de style » mené en 2010-2011 pour le Collège International de
Philosophie à Paris, à partir de Stein, Zukofsky, Niedecker et Williams (et
avant sa deuxième partie en 2012-2013) s’emparer de la dimension lexiconographique
du point dans Baby de Carla Harryman, dont une lecture suivie de la
dédicace, puis de la page 30 (« Theory.
Of. Prose »), puis du motif
de couverture viendront appuyer la proposition.
BIO:
Christophe
Lamiot Enos, né le 18/12/62 à Beaumont-le-Roger, vit son enfance et son adolescence à Pont-Audemer
et habite aujourd’hui à Paris après quatorze années passées aux Etats-Unis
d’Amérique à enseigner la littérature française. Le 1er janvier 1981, il est
victime d’un grave accident automobile dont il combat les séquelles en
s’imposant une rigoureuse discipline d’écriture et de recherche en sciences
humaines. Deux essais parus en 1997 et
1999 (Eau sur eau, Rodopi, Amsterdam ; Littérature et hôpital, Sciences en
Situation, Paris) annoncent plusieurs récits en poèmes, dont en 2000, 2003,
2006 et 2010 Des pommes et des oranges, Sitôt Elke, Albany
et 1985-1981 (Flammarion, Paris).
Son écriture a retenu l’attention des commentateurs pour, entre autres,
son souci du détail, l’élaboration formelle, la musicalité et le travail sur la
mémoire. Pour le département de l’Eure,
il organise depuis plusieurs années l’événement « lire en l’Eure »,
journée de rencontres en poésie, à Evreux.
Père de deux enfants, il occupe un poste de maître de conférences à
l’université de Rouen, fait partie du laboratoire « Passages XX-XXI »
de l’université de Lyon 2 en tant qu’américaniste et collabore régulièrement à
plusieurs revues. Ses travaux paraissent
dans des anthologies, tant en France qu’à l’étranger.
Anne
Kawala
(auteur/plasticienne/éditrice) Donnez-moi une paire de ciseaux pour tailler
dans la bible !
Résumé de
la communication / abstract :
Le mot livre contient, de par son étymologie dans
les langues latines mais aussi anglo-saxonnes (liber désigne l’écorce en
latin, book est proche de beech, etc.) une programmatique
de ce qu’est son support matériel. Entre deux écorces, la première et quatrième de couverture, il enferme une
ouverture sur le monde.
L’époque-clé
de la conceptualisation du livre est la fin du Moyen-Âge. Se mêlent, par la
pratique des moines copistes, également enlumineurs, les représentations
textuelles et visuelles. Celles sonores et vivantes, orales, inventives, d’auteurs
contemporains de cette époque, vont se user, pour se justifier et être
transcrites, en regard de la bible, de la forme prosodique, jusqu’alors
réservée au domaine juridique. Si le désir qui motiva l’invention de
l’imprimerie était la reproduction de la bible en couleurs et en images (non pas des livres d’auteurs, a priori),
le siècle des Lumières entérina ce choix par la formalisation de la
spécialisation. Les pratiques que réunissait initialement le livre, textes et
images, textes et sons, se sont lentement dissociées.
Internet
réunit ces médiums et est pourvu d’une certaine immatérialité. Faut-il y voir
un lien ? Cette invention, celle des transversalités, semble avoir été amorcée
par des pratiques artistiques. Transversalité du contenu par le travail de
Lautréamont qui cite, copie.
Transversalité de la forme, grâce à la révolution industrielle, laquelle a
permis, à partir de quotidiens, la pratique, des Dadaïstes à William Buroughts,
du cut-up. L’immatérialité, fictive, d’internet, qui nécessite une mémoire
physique, des serveurs, etc., est, dans le langage, constitue un
paradoxe : on cherche « sur » et cette sur-face convoque
immanquablement une profondeur, une épaisseur, mais dont manquerait ce qui
ferme le livre, une seconde écorce qui permettrait une finitude. Si internet
est, instar le livre, une ouverture sur le monde la profusion et
l’accessibilité de matériaux immatériels, et par conséquent leurs
manipulations, les pratiques artistiques en découlant, communiquant, ne peuvent
pas être dissociées, modelant une nouvelle forme de pensée, rhizomatique, telle
que l’annonçait Deleuze et Gutattari. Cette perméabilité permet de renouer avec
l’idée du gentilhomme, dont le savoir
tend à l’universel, un universel certes tronqué, mais non plus spécialisé. Par
conséquent les œuvres, qui anticipent et découlent d’internet, telles celles de
Virginie Holtzer, Sophie Calle, Valérie Mréjen, dont le support final n’est pas
celui immatériel d’internet, vont être empruntes, allant par delà la citation,
lautréamontienne ou formelle, d’une pratique qui va aussi tendre au
documentaire, à l’universel, avec pour contrepoint l’auto-fiction assumée,
l’individuel, qu’internet, par le biais de blogs, promeut également.
Valerie Mréjen, 'Manufrance', 205, installation
view with film still. (galerie Serge Le Borgne, Paris)
|
BIO :
De la rose
et du renard, leurs couleurs et odeurs,
quatrième livre de poésie de Anne Kawala, écrit lors de sa résidence au Liban,
à la fin de l’année 2011, sera publié dans le courant du mois de juin, par les
éditions du Centre international de poésie de Marseille (cipm). Une première
étape de travail de Mars-Watchers, nouvelle
création théâtrale mise en scène par Emilie Rousset, créée en collaboration
avec l’IRCAM et la Comédie
de Reims, aura lieu fin juin, au 104, à Paris. Anne Kawala donne régulièrement
des lectures performées de textes spécifiques, agencés & écrits en regard
du contexte d’interventions, dans la continuation d’une pensée de
l’installation, issue de l’art contemporain. Enfin, formée aux Beaux-Arts de
Lyon, Anne Kawala intervient régulièrement en écoles d’Art, aussi bien en
France qu’à l’étranger, pour donner des workshops autour de l’écriture (dans
ses dimensions sonores comme visuelles).
Matthieu Saladin (Institut ACTE/CNRS/Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne/Le Quai, Mulhouse) Les
résonances cagiennes de l’écriture conceptuelle contemporaine
John Cage "Fontana Mic" 1958 |
Résumé de la communication /
abstract :
En prenant comme point de départ certaines
expérimentations poético-musicales de John Cage, de Lecture on Nothing à Empty
Words, en passant par Sixty-two
Mesostics re Merce Cunningham, où
s’élabore patiemment une critique du langage comme moyen d’expression, cette
communication souhaite interroger et rendre compte des résonances de telles
préoccupations dans l’écriture conceptuelle contemporaine (Claude Closky, Craig
Dworkin, Kenneth Goldsmith, Vanessa Place, etc.). Dans une perspective presque
wittgensteinienne, Cage ne souhaite pas tant « récuser » le langage
que « montrer » l’émancipation du sens par sa contingence même, ou
pour le dire avec les mots du compositeur, son silence. Mais le contexte
sociohistorique et poïétique de l’écriture conceptuelle a sensiblement évolué
depuis les expérimentations menées à travers les textes et partitions
précédemment cités, et informe dès lors différemment les enjeux, notamment
culturels, de leurs résonances dans les pratiques contemporaines. C’est que les
systèmes d’écriture inventés par Cage pour « générer » ces textes à
double statut (à la fois partitions et poèmes) peuvent être envisagés,
rétrospectivement, comme annonciateurs d’un monde textuel marqué par la
surabondance d’informations, et qui se trouve précisément au cœur des points
d’intérêt qui occupent l’écriture conceptuelle actuelle. Il s’agira ainsi de
saisir, à l’aune des transformations socioculturelles et technologiques, les
déplacements à l’œuvre dans l’intérêt artistique et intermédiatique pour ces
formes d’écriture qui questionnent, dans l’effacement même de leur expression,
à la fois la production de signes donnés à lire, à voir et/ou écouter, et leurs
effets sur nos modes de subjectivation.
©John Cage "Williams Mix" 1952 |
BIO :
Matthieu Saladin est docteur en Esthétique et
chercheur associé à l'institut ACTE (Université Paris 1 –
Panthéon-Sorbonne, CNRS UMR 8218). Sa recherche porte sur les musiques
expérimentales. Il enseigne la philosophie de l’art à l’École Supérieure d’Art
de Mulhouse Le Quai et l'esthétique des musiques actuelles à la FLSH Lille. Il est
membre du comité de rédaction de la revue de recherche Volume ! (éditions Seteun), et rédacteur en chef de la revue TACET dédiée aux musiques expérimentales,
dont le premier numéro s’intitule « Who is John Cage ? ». Il est
également artiste et musicien. Sa pratique relève d'une approche conceptuelle,
réfléchissant sur l'histoire des formes et des processus de création, ainsi que
sur les rapports entre art et société. Son livre Esthétique de l’improvisation libre paraîtra prochainement aux
Presses du Réel.
On vous rappelle que ce colloque est ouvert au public!
Venez nombreux!
We remind you that this international conference is open to the public!
Please join us!
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