samedi 2 juin 2012

8 juin de 14h15-16h15 Atelier 3 le livre dans tous ses états...

Vito Acconci: projet pour un espace, Galérie GdM, photo JK Dick, Art Basel 2011

14h15       Atelier 3 : le livre dans tous ses états…
A la Maison de l’Université, Salle du Conseil, Campus Illberg, Université de Haute-Alsace, Mulhouse (arrêt  tram : Université)

Présidé par Régine Battiston (UHA/ILLE)

) Hypervisibilité et illisibilité dans l’écriture « logosonoscopique » de Jacques Sivan
Résumé de la communication / abstract :
Jacques Sivan, Le Bazar de l'Hôtel de Ville, affiche 50
« Je suis un logosonoscope » : cette affirmation, formulée par « Jake » Sivan au seuil du Dernier télégramme d’al jack (2008), ressemble à un programme. S’identifiant à une machine complexe, le poète pense ses ouvrages comme autant d’interfaces où viennent se confronter la multiplicité des codes du monde, dans leur hétérogénéité sémiotique, textes-images et images-textes, faisant du livre, et de la page, un espace d’accueil et de transformation de codes : un dispositif Lieu de télescopages, d’agencements provisoires constamment réinventés, la page, notamment dans Similijake, se présente comme une surface fondamentalement hétérogène, selon une logique qui est celle du montage, travaillant de manière apparemment aléatoire, pour faire du sens un objet fuyant. Cette logique, donnant lieu à un parasitage des discours émis par les médias de masse, s’associe à un travail de reprise et détournement des codes visuels mêmes dans lesquels ces discours s’énoncent, particulièrement visible dans Le Bazar de l’Hôtel de Ville, qui reprend le dispositif visuel du catalogue du même nom, ainsi que les divers détournements de publicités présentes dans le Dernier télégramme et Similijake. Nous voudrions plus précisément étudier les modalités de ce parasitage, qui joue, selon nous, sur la mise en tension d’une hypervisibilité, celle de la publicité, de la communication visuelle fondée sur le graphisme de la lettre, et d’un travail sur l’illisibilité, qui vient en perturber l’efficace.
BIO :
Mes recherches portent sur les échanges entre poésie et arts plastiques, essentiellement depuis la seconde moitié du XXe siècle, plus particulièrement sur le collage et le ready-made (j’ai soutenu en avril 2011 une thèse portant sur la « poésie ready-made aux XXe et XXIe siècles », sous la direction d’Anne-Marie Christin), mais aussi les pratiques hybrides, dans le champ des poésies d’avant-garde et expérimentales (poésie concrète, visuelle, sonore, performance), et de l’extrême contemporain. Je porte une attention particulière à la matérialité du texte poétique, ainsi qu’aux phénomènes d’intersémioticité et d’intermédialité à l’œuvre dans ces objets problématiques.

Christophe Lamiot Enos (« Qu’il y a des mots plutôt que rien », lecture du Baby (2005) de Carla Harryman
from Zephyr Press, 2005.
Résumé de la communication / abstract :
A la suite du séminaire « archéologie de la figure de style » mené en 2010-2011 pour le Collège International de Philosophie à Paris, à partir de Stein, Zukofsky, Niedecker et Williams (et avant sa deuxième partie en 2012-2013) s’emparer de la dimension lexiconographique du point dans Baby de Carla Harryman, dont une lecture suivie de la dédicace, puis de la page 30 (« Theory.  Of.  Prose »), puis du motif de couverture viendront appuyer la proposition. 
BIO:
            Christophe Lamiot Enos, né le 18/12/62 à Beaumont-le-Roger, vit  son enfance et son adolescence à Pont-Audemer et habite aujourd’hui à Paris après quatorze années passées aux Etats-Unis d’Amérique à enseigner la littérature française.   Le 1er janvier 1981, il est victime d’un grave accident automobile dont il combat les séquelles en s’imposant une rigoureuse discipline d’écriture et de recherche en sciences humaines.  Deux essais parus en 1997 et 1999 (Eau sur eau, Rodopi, Amsterdam ;  Littérature et hôpital, Sciences en Situation, Paris) annoncent plusieurs récits en poèmes, dont en 2000, 2003, 2006 et 2010 Des pommes et des oranges, Sitôt Elke, Albany et 1985-1981 (Flammarion, Paris).  Son écriture a retenu l’attention des commentateurs pour, entre autres, son souci du détail, l’élaboration formelle, la musicalité et le travail sur la mémoire.  Pour le département de l’Eure, il organise depuis plusieurs années l’événement « lire en l’Eure », journée de rencontres en poésie, à Evreux.  Père de deux enfants, il occupe un poste de maître de conférences à l’université de Rouen, fait partie du laboratoire « Passages XX-XXI » de l’université de Lyon 2 en tant qu’américaniste et collabore régulièrement à plusieurs revues.  Ses travaux paraissent dans des anthologies, tant en France qu’à l’étranger. 

Anne Kawala (auteur/plasticienne/éditrice) Donnez-moi une paire de ciseaux pour tailler dans la bible !  
Résumé de la communication / abstract :
Le mot livre contient, de par son étymologie dans les langues latines mais aussi anglo-saxonnes (liber désigne l’écorce en latin, book est proche de beech, etc.) une programmatique de ce qu’est son support matériel. Entre deux écorces, la première et quatrième de couverture, il enferme une ouverture sur le monde.
L’époque-clé de la conceptualisation du livre est la fin du Moyen-Âge. Se mêlent, par la pratique des moines copistes, également enlumineurs, les représentations textuelles et visuelles. Celles sonores et vivantes, orales, inventives, d’auteurs contemporains de cette époque, vont se user, pour se justifier et être transcrites, en regard de la bible, de la forme prosodique, jusqu’alors réservée au domaine juridique. Si le désir qui motiva l’invention de l’imprimerie était la reproduction de la bible en couleurs et en images (non pas des livres d’auteurs, a priori), le siècle des Lumières entérina ce choix par la formalisation de la spécialisation. Les pratiques que réunissait initialement le livre, textes et images, textes et sons, se sont lentement dissociées.
Internet réunit ces médiums et est pourvu d’une certaine immatérialité. Faut-il y voir un lien ? Cette invention, celle des transversalités, semble avoir été amorcée par des pratiques artistiques. Transversalité du contenu par le travail de Lautréamont qui cite, copie. Transversalité de la forme, grâce à la révolution industrielle, laquelle a permis, à partir de quotidiens, la pratique, des Dadaïstes à William Buroughts, du cut-up. L’immatérialité, fictive, d’internet, qui nécessite une mémoire physique, des serveurs, etc., est, dans le langage, constitue un paradoxe : on cherche « sur » et cette sur-face convoque immanquablement une profondeur, une épaisseur, mais dont manquerait ce qui ferme le livre, une seconde écorce qui permettrait une finitude. Si internet est, instar le livre, une ouverture sur le monde la profusion et l’accessibilité de matériaux immatériels, et par conséquent leurs manipulations, les pratiques artistiques en découlant, communiquant, ne peuvent pas être dissociées, modelant une nouvelle forme de pensée, rhizomatique, telle que l’annonçait Deleuze et Gutattari. Cette perméabilité permet de renouer avec l’idée du gentilhomme, dont le savoir tend à l’universel, un universel certes tronqué, mais non plus spécialisé. Par conséquent les œuvres, qui anticipent et découlent d’internet, telles celles de Virginie Holtzer, Sophie Calle, Valérie Mréjen, dont le support final n’est pas celui immatériel d’internet, vont être empruntes, allant par delà la citation, lautréamontienne ou formelle, d’une pratique qui va aussi tendre au documentaire, à l’universel, avec pour contrepoint l’auto-fiction assumée, l’individuel, qu’internet, par le biais de blogs, promeut également.
Valerie Mréjen, 'Manufrance', 205, installation view with film still. (galerie Serge Le Borgne, Paris)
BIO :
De la rose et du renard, leurs couleurs et odeurs, quatrième livre de poésie de Anne Kawala, écrit lors de sa résidence au Liban, à la fin de l’année 2011, sera publié dans le courant du mois de juin, par les éditions du Centre international de poésie de Marseille (cipm). Une première étape de travail de Mars-Watchers, nouvelle création théâtrale mise en scène par Emilie Rousset, créée en collaboration avec l’IRCAM et la Comédie de Reims, aura lieu fin juin, au 104, à Paris. Anne Kawala donne régulièrement des lectures performées de textes spécifiques, agencés & écrits en regard du contexte d’interventions, dans la continuation d’une pensée de l’installation, issue de l’art contemporain. Enfin, formée aux Beaux-Arts de Lyon, Anne Kawala intervient régulièrement en écoles d’Art, aussi bien en France qu’à l’étranger, pour donner des workshops autour de l’écriture (dans ses dimensions sonores comme visuelles).

Matthieu Saladin (Institut ACTE/CNRS/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/Le Quai, Mulhouse) Les résonances cagiennes de l’écriture conceptuelle contemporaine
John Cage "Fontana Mic" 1958
Résumé de la communication / abstract : 
En prenant comme point de départ certaines expérimentations poético-musicales de John Cage, de Lecture on Nothing à Empty Words, en passant par Sixty-two Mesostics re Merce Cunningham, où s’élabore patiemment une critique du langage comme moyen d’expression, cette communication souhaite interroger et rendre compte des résonances de telles préoccupations dans l’écriture conceptuelle contemporaine (Claude Closky, Craig Dworkin, Kenneth Goldsmith, Vanessa Place, etc.). Dans une perspective presque wittgensteinienne, Cage ne souhaite pas tant « récuser » le langage que « montrer » l’émancipation du sens par sa contingence même, ou pour le dire avec les mots du compositeur, son silence. Mais le contexte sociohistorique et poïétique de l’écriture conceptuelle a sensiblement évolué depuis les expérimentations menées à travers les textes et partitions précédemment cités, et informe dès lors différemment les enjeux, notamment culturels, de leurs résonances dans les pratiques contemporaines. C’est que les systèmes d’écriture inventés par Cage pour « générer » ces textes à double statut (à la fois partitions et poèmes) peuvent être envisagés, rétrospectivement, comme annonciateurs d’un monde textuel marqué par la surabondance d’informations, et qui se trouve précisément au cœur des points d’intérêt qui occupent l’écriture conceptuelle actuelle. Il s’agira ainsi de saisir, à l’aune des transformations socioculturelles et technologiques, les déplacements à l’œuvre dans l’intérêt artistique et intermédiatique pour ces formes d’écriture qui questionnent, dans l’effacement même de leur expression, à la fois la production de signes donnés à lire, à voir et/ou écouter, et leurs effets sur nos modes de subjectivation.
©John Cage "Williams Mix" 1952
BIO :
Matthieu Saladin est docteur en Esthétique et chercheur associé à l'institut ACTE (Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, CNRS UMR 8218). Sa recherche porte sur les musiques expérimentales. Il enseigne la philosophie de l’art à l’École Supérieure d’Art de Mulhouse Le Quai et l'esthétique des musiques actuelles à la FLSH Lille. Il est membre du comité de rédaction de la revue de recherche Volume ! (éditions Seteun), et rédacteur en chef de la revue TACET dédiée aux musiques expérimentales, dont le premier numéro s’intitule « Who is John Cage ? ». Il est également artiste et musicien. Sa pratique relève d'une approche conceptuelle, réfléchissant sur l'histoire des formes et des processus de création, ainsi que sur les rapports entre art et société. Son livre Esthétique de l’improvisation libre paraîtra prochainement aux Presses du Réel.

On vous rappelle que ce colloque est ouvert au public! 
Venez nombreux!
We remind you that this international conference is open to the public! 
Please join us!

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